• Retrouvailles déstabilisantes (Chapitre 3)

    Chapitre 3:

    Rin : Haru.

     

    Alors que j’allais dire quelque chose, Haru s’avança brusquement et me plaqua contre le mur. Et sans prévenir, il m’embrassa.

    J’étais trop choqué pour faire quoi que ce soit.

    Il intensifia le baiser.

    Et brusquement, il se recula. Il avait une drôle de lueur au fond des yeux.

    Moi, j’étais sur le cul.

     

    Haru : Je crois que l’on participe à la même course après. Tu vas pouvoir prendre ta revanche. Fais de ton mieux.

     

    Et il repartit, comme si rien ne s’était passé.

    J’étais sous le choc. Haru venait quand même de m’EMBRASSER, là, non ? Mais, mais, mais… c’était un garçon ! Et lui qui restait toujours aussi calme… Et cela faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas vu, j’aurais préféré des retrouvailles un peu plus normale ! Ou alors… Ce qu’il a fait, c’était pour me provoquer ? Oui… Ce devait être cela. Haru avait toujours de drôle de manières, après tout. Ca avait beau être carrément bizarre, c’était sa façon de me faire comprendre qu’il allait se donner à fond… ? Je n’en savais fichtrement rien.  Mon premier baiser, bordel ! J’aurais quand même préféré le réserver pour… je sais pas moi, une fille ? Pas… pas Haru ! Ou bien… Et si Haru était en fait une vraie fille travestie en garçon ? Non, non, c’est pas possible, je l’avais déjà vu se changer dans les vestiaires quand on était au collège, je suis sûr et certain que ce ne peut pas être une fille ! Mais qu’est ce que je suis en train de m’imaginer, là ? Je délire totalement !

     

    Il fallait que je me calme, sinon, je n’allais pas pouvoir gagner la course. Allez, respire un bon coup et ni pense plus. On va juste croire qu’il avait trébuché. Et surtout, pas un mot aux potes, sinon… Sinon, quoi, d’ailleurs ? En tout cas, je serais super mal à l’aise.

    Je retournais ensuite vers la piscine.

     

    Présentateur : Bien, maintenant que les candidats du cent mètres papillon se préparent.

     

    Ca allait être au tour de Sousuke. Je le regardais se diriger vers son plongeoir. Il regarda dans ma direction, je lui fis un hochement de tête d’encouragement. Il me sourit.

     

    Présentateur : A vos marques… prêts…partez !

     

    Les nageurs plongèrent. Sousuke prit rapidement le dessus. Il arriva premier.

    Je l’aidais à remonter sur le bord.

     

    Rin : Bien joué, Sousuke.

    Sousuke : Merci.

     

    Je sentais sur moi le regard bleu et pesant de Haru. C’était assez gênant, je ne savais pas trop quoi faire. J’avais l’impression que chacun de mes gestes étaient analysé et ensuite jugé. Je décidais de rester neutre et de rien laisser paraître.

     

    Présentateur : Bien, maintenant, nageurs du cent mètre crawl, en place !

     

    L’heure de vérité était arrivée.

    Je frissonnais d’excitation. Enfin ! J’allais pouvoir qui de nous deux était finalement le plus fort.

    J’enlevai ma veste, la donnai à Sousuket me dirigeai vers mon plongeoir. Je claquai l’élastique de mes lunettes de plongée, comme je le fais toujours quand j’affronte un adversaire de choix.

    C’est alors que je remarquai que le couloir à ma droite était occupé par Haru. Il me regardait, impassible.

     

    Rin : Haru, que le meilleur gagne.

     

    Il hocha tête.

     

    Présentateur : Bien, à vos marques…prêts…partez !

     

    Je me lançai dans l’eau avec puissance. Son contact me rassura, j’étais dans mon élément. Mais Haru aussi. Aussitôt après être remonté à la surface, je faisais claquer mes bras à la surface dans un ballet affolant. Tout allait vite, très vite. Je respirais tout les trois temps, comme à mon habitude. J’étais calé sur un bon rythme alliant élan et propulsion pour une vitesse maximale. Le premier mur se rapprochait vite. Je me retournais alors, en une galipette méthodiquement calculée pour être la plus performante, m’appuyais contre le mur et détendis mes jambes pour me propulser, à fond, pour les cinquante derniers mètres. Après un instant de préparation, je me lançai dans un dernier sprint. J’allais à fond, comme je ne l’avais encore jamais fait. Et soudainement, ma main toucha le mur d’arrivée. J’avais terminé ma course. J’étais épuisé et m’accordais quelques secondes de répits. Enfin, je levais la tête vers le panneau d’affichage.

    Premier : Samezuka, Rin Matsuoka.

    Je rugis de bonheur : j’avais gagné ! Contre Haru !

    Dans un élan de joie, je me remontais sur le bord de la piscine et me relevais, surplombant Haru de toute ma hauteur.

    Il avait l’air un peu sonné et ses yeux étaient écarquillés de surprise.

     

    Rin : J’ai gagné Haru. Maintenant, je suis libre de progresser sans aucunes restrictions. Je pense que cette course sera notre dernière. Tu n’aimes pas ça de toute façon, non ? Et aussi…

     

    Je m’agenouillais au bord de l’eau et me fit menaçant.

     

    Rin : Je ne sais pas ce que tu manigançais, et je m’en fiche, mais juste, à partir de maintenant, je t’interdis d’interférer dans ma montée pour la victoire. Tu as perdu, admet-le, et laisse moi tranquille !

     

    Je me relevais et partis d’un pas fier vers mes coéquipiers qui me réceptionnèrent chaleureusement.

    A partir de maintenant, seuls les autres adversaires importaient. Haru, c’était fini. Surtout que j’aurais du mal à le considérer de nouveau comme un ami après ce qu’il m’avait fait. Mieux valait couper les ponts.

    Juste avant de sortir de l’enceinte de la piscine, je fus interpellé. Je me retournais. Nagisa, Makoto et Rei, le gars que j’avais rencontré à la pause déjeuner, étaient derrière moi. Pas de signe de Haru.

     

    Nagisa : Rin-chan ! Ca fait longtemps !!

     

    Il courut vers moi et me serra dans ses bras.

    Lui et Makoto aussi avaient grandi et s’étaient affermis. Cela me faisait bizarre.

     

    Makoto : Rin ! Nous avons vu ta course contre Haru, félicitation ! Même nous, vous nous avez bien eus…

    Rei : Rin ! Je n’avais pas fait le lien ! Nagisa n’arrêtait pas de parler de toi, mais je ne pensais que se serait de toi dont il parlait !

    Makoto : Vous vous connaissez ?

    Rei : En fait, on s’est croisé un peu plus tôt, à midi, quand j’étais allé chercher à manger.

    Nagisa : Rin-chan, tu as grandi !! Tu me dépasses toujours autant !

    Rin : Vous aussi vous avez bien grandi les gars…

     

    Nous parlâmes encore un peu et puis chaque groupe partit de son côté. J’avais échangé mon numéro de téléphone avec Nagisa, Makoto et Rei si jamais on voulait se prévoir une petite sortie, comme au bon vieux temps.

    Sur le chemin du retour, je me tenais un peu en retrait par rapport à la bande. Revoir d’anciens amis m’avait rendu un peu morose et pensif. Sousuke s’approcha alors de moi et passa un bras réconfortant autour de mes épaules.

     

    Sousuke : Ca fais toujours bizarre de revoir d’anciennes connaissances, n’est ce pas ?

     

    J’hochai la tête.

     

    Sousuke enleva son bras et s’éloigna pour rejoindre les autres.

     

    Sousuke : Je suis là, si tu as besoin d’aide.

     

    Je le remerciai d’un signe de la main. Au lieu de suivre les garçons vers les dortoirs, je décidais d’aller faire un tour à la piscine, histoire de me changer un peu les idées.

    Le bâtiment était vide, dieu merci. Je m’allongeais sur un banc longeant l’étendue d’eau et fermais les yeux.

    Soudain, mon portable se mit à vibrer dans ma poche. Nagisa était-il déjà en train de me spamer comme un malade ? C’était bien son genre, après tout…

    Je sortis le téléphone de ma poche et ouvrit le clapet. Un numéro inconnu apparut alors, accompagné de la petite icône en forme de lettre pour indiquer que j’avais reçu un message. Bah non, ce n’était pas Nagisa.

    J’appuyai alors sur le bouton « Ouvrir » et le message s’afficha.

     

    « Félicitation pour aujourd’hui, ta rapidité m’a impressionné ! »

     

    Je regardais l’écran de mon portable, bêtement. Qui cela pouvait-il bien être ?

     

    Rin : « Qui est ce ? »

     

    J’envoyai.

    Quelques secondes plus tard, mon portable vibra de nouveau. Je rouvris le clapet et affichais le message.

     

    « C’est un secret. »

     

    Ok… Ca ne m’aidait pas beaucoup…

     

    Rin : « Tu es sur de ne pas te tromper de destinataire ? »

    « Certain, Rin »

     

    Ok, ce gars me connaissait, mais moi, non.

     

    Rin : « Que me veux-tu ? »

    « Ca aussi, c’est un secret, pour le moment »

     

    Bordel !  Mais qui cela pouvait bien être ? Oh je sais ! Une admiratrice secrète ! Il est vrai que j’avais toujours beaucoup reçu de lettres d’amour et d’après ma sœur, j’étais plutôt bien gaulé, ce devais donc être ça, une jeune fille qui en pinçais pour moi !

     

    Rin : « Tu es timide ? »

     

    Je pensais pouvoir essayer de la rassurer, après tout, une petite copine ne serait pas de refus ! J’espère que la fille avec qui je discutais était mignonne !

     

    « Je ne crois pas… »

    Rin :  « Alors pourquoi ne viens-tu pas me parler en face ? »

    « Je suis très bien derrière l’écran de mon portable »

    Rin : « Ca, je veux bien te croire, mais j’aimerais aussi bien savoir à qui je parle aussi »

    « J’aime bien l’anonymat. »

    Rin : « Ok… Tu voulais me dire quelque chose de particulier ? »

    « Oui, mais c’est assez gênant… »

    Rin : « Tu es sous couvert d’anonymat, non ? »

    « C’est vrai… Je peux tout te dire, alors ? »

    Rin : « Je t’en prie » 

    « Alors… Je t’aime »

     

    Bingo ! Une jeune fille amoureuse, j’en étais sûr !

     

    Rin : « Mais comment pourrais-je répondre à tes sentiments si je ne te connais même pas ? »

    « C’est impossible que tu m’aimes, malheureusement… Pourquoi crois-tu que je te parle via un portable, sinon ? »

    Rin : « Comment peux-tu dire que je ne t’aime pas si je ne sais qui tu es ? »

    « Parce que tu me l’a fait comprendre »

     

    Hein ? Mais, mais, mais… QUOI ? Ah ! Peut-être qu’aujourd’hui j’avais croisé une fille qui m’avait demandé de sortir avec elle au collège, quand j’étais encore ici, et que je l’avais rejeté à ce moment là. Il faut dire qu’au collège, je n’étais pas très intéressé par les filles…

    Rin : « Tu sais, je ne suis plus le même qu’au collège. On pourrait se re-rencontrer. J’ai beaucoup changé, tu sais… »

    « Changé ? Oui, effectivement, tu as beaucoup changé. Mais non, je ne montrerai pas, je me rappelle très bien de ta tête quand tu m’as repoussé, alors je ne souhaite pas spécialement que tu me découvre. J’aurais trop honte. Le simple fait de te parler me fait déjà beaucoup plaisir, tu sais. »

    Rin : « Je suis vraiment désolé… Mais j’aimerais te revoir pour te présenter mes excuses… »

    « Non, ne t’inquiète pas, ça va aller »

    Rin : « Crois tu que je te croiserai un jour, même si je ne te reconnais pas ? »

    « Oui, il y a de fortes chances »

    Rin : « Alors je ferais tout pour trouver qui tu es ! »

    « Si ça t’amuse… Bonne nuit, je vais me coucher »

    Rin : « Bonne nuit »

    J’éteignais mon portable et le rangeais dans ma poche. Alors bon… Une fille que j’aurais rejetée par le passé ? Il y en avait pas mal… Mais que j’avais rejetée avec dégoût ? Je veux bien croire que je n’avais jamais été très préoccupé par l’état d’esprit des filles à l’époque, mais je ne me souviens pas d’avoir été un jour aussi cruel… Peut-être que cette fille-là était particulièrement sensible ? Pourtant, via message, ce n’était pas le sentiment qu’elle émettait. Elle avait plutôt l’air calme et franche. Bizzare… En tout cas, j’aurais bien aimé la rencontrer… Je découvrirai de qui il s’agit, et si elle est mignonne, j’en ferais ma petite amie !

    Après avoir rêvassé un peu, je passais en coup de vent manger au réfectoire et rentrais dans les dortoirs.

    Sousuke était allongé dans son lit, lire un livre tranquillement.

    Rin : Yo.

    Sousuke : Yo. Tu t’es baigné ?

    Je pris la chaise de mon bureau et m’assis dessus à l’envers, de manière à avoir le menton calé sur mes mains qui s’appuyaient sur le dossier.

    Rin : Non. Je suis resté sur un banc à réfléchir. Et à envoyer des messages.

    Je décidais de lui raconter. Je pouvais compter sur lui.

    Sousuke : Envoyer des messages ? A qui ?

    Rin : Une fille. C’est elle qui m’a envoyé le premier message. Elle me félicitait pour ma course d’aujourd’hui. Mais elle est restée sous anonymat, car elle m’a dit qu’elle avait des sentiments pour moi et je l’avais déjà repoussé par le passé. Elle avait trop honte de me voir en face.

    Sousuke : C’est vrai ? Et tu ne te souviendrais pas d’une éventuelle jeune fille que tu aurais repoussée avec un peu trop de brutalité quand tu étais au collège ?

    Rin : Et bien, c’est-à-dire que… Des filles, au collège, beaucoup me tournaient autour et je ne faisais pas très attention à elles.

    Sousuke : Tu en as de la chance ! Moi, au collège, et je suppose qu’au lycée aussi, les filles n’osent pas m’approcher parce que je suis trop intimidant.

    Rin : Ah bon ?

    Sousuke : Oui, au collège, j’étais amoureux d’une fille. Elle était très jolie d’ailleurs. Je lui avais demandé si elle voulait sortir avec moi. Elle est partie en pleurant avant même de m’avoir donné sa réponse.

    Rin : Ah ouais, c’est pas cool…

    Sousuke : Ouais, en plus, j’étais rouge comme une tomate, je vois vraiment pas en quoi elle pouvait être effrayée…

    Rin : Ah, les filles…

    Sousuke : C’est clair…

    Le portable de Sousuke se mit à vibrer brusquement. Il le sortit de sa poche et l’ouvrit.

    Rin : Une admiratrice secrète pour toi aussi ?

    Sousuke : Non, c’est juste un ami qui n’est pas dans cette école. Il vient de répondre au message que je lui ai envoyé un peu avant que tu n’arrives.

    Rin : Dommage ! Et dire qu’on aurait pu avoir tout les deux une petite amie en même temps, ça aurait marrant, non ?

    Sousuke : Ouais !

    Le sourire de Sousuke s’était soudainement perdu dans le vague, un léger et discret sourire scotché sur les lèvres.

    Rin : Tu as l’air bien béat pour un gars qui n’a pas de petite amie…

    Sousuke : Ah non, c’est rien, je viens juste de m’imaginer un truc marrant… Je vais éteindre moi, tu te couches aussi ?

    Rin : Ouais, moi aussi, je suis fatigué.

    Je me relevai de la chaise, enlevai mon t-shirt et m’allongeai dans mon lit.

    Rin : Bonne nuit.

    Sousuke : Bonne nuit.

    By: Emi


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